Trois femmes de passion

Trois femmes ! Trois femmes passionnées. En elles, le même désir de liberté,
le présent, le futur, mais aussi le passé de toute une lignée de femmes. Et
encore ? Un lien étrange ! Un bijou de talc fin, un visage de femme aux traits
de madone, aux boucles folles, un menu collier de perles cerclant un cou
discret et prude, le tout ciselé dans de la pierre savon : un camée.À la
lisière des grands conifères, Carmen le rejoignait dans la cabane à relais ;
la même qui avait été témoin de ses désirs inconscients, celle d’une
inoubliable tempête de neige. L’Indien était au rendez-vous. Au dehors, les
chiens restaient calmes, montant la garde. Sous les lueurs blafardes, il y
avait des tendresses libérées, des passions déchaînées, des soupirs oppressés,
suivis d’enivrements, de vertiges et d’engagements indéfectibles. Parfois,
Marie secouait Alexandre si violemment qu’elle croyait voir poindre l’émotion
sur sa peau. Mais c’était sur la sienne que les plis se formaient, nourris par
la rage. Elle s’allongea en miaulant, essayant de le séduire et de l’attirer
vers le lit. Ses yeux affamés quémandaient son corps et ses mains assoiffées
en détaillaient le pourtour.C’est au dernier étage d’une petite rue délabrée
de Soho que juchait, dans une luminosité renversante, l’atelier de William.
Ils reprirent et reprirent leurs étreintes, espérant chaque fois que celle-ci
les laisse assouvis. Ils ne trouvaient plus de voies pour combler leurs émois,
ils en inventèrent. Dehors, New York se débattait. Catherine, enveloppée des
bras vigoureux de William, se serrait contre lui, chancelante.