Livre d'heures du bois d'automne

Jean-Claude Masson

Garamond

  • Conseillé par
    29 janvier 2012

    Dieu créa le monde en automne

    Après les Saisons brûlées des poètes du XXe siècle, destins condensant les convulsions de ce fragment de l’histoire du monde occidental, le dernier livre de poèmes de Jean-Claude Masson revient à la chronique tumultueuse et aux riches heures des monastères de jadis. Mais s’il peut apparaître comme un lointain écho, très contemporain, des récits de Jacques de Voragine, une nouvelle légende dorée des frères prieurs ou bâtisseurs, fondateurs des ordres de la chrétienté, le Livre d’heures du bois d’automne se veut avant tout méditation lyrique sur les Psaumes et dialogue avec d’autres poètes en quête de spiritualité. Aussi cette « hagiographie » problématique, et à rebours de notre temps, interroge-t-elle de manière poignante la réalité de notre époque qui ne veut plus trop savoir ce qu’elle fut, ni qu’elle fut par l’esprit.

    De saint Augustin à Hildegarde de Bingen ou Cyprien de Kiev, de Bernard de Clairvaux à Thérèse d’Avila, pour n’en citer que quelques-uns, sans oublier les anonymes dont l’existence fut aussi une chrysalide d’espérance et d’humilité, sont convoqués tous ceux qui avaient compris « l’urgence de l’appel », « le présent pur de la divinité », l’art de savourer chaque détail du monde sensible comme un gage d’éternité.
    Ces évocations sont ponctuées d’exhortations à retrouver la faculté perdue sans laquelle notre vie risque de sombrer dans la destruction ou l’insignifiance : « Si vous ne désirez pas Dieu jusque dans votre / quignon de pain, vous ne le verrez mie, / non plus que dans votre prochain » (Poème 103).
    Ainsi, après les fougues parfois cruelles du printemps (Le Testament du printemps, Gallimard, 1991) et les brûlures de l’été (Les Saisons brûlées, tombeaux pour un siècle, Garamond, 2000), Jean-Claude Masson nous suggère-t-il avec cette longue évocation de la spiritualité du Moyen Age, et les questions qu’elle nous pose encore, que, peut-être, « Dieu créa le monde en automne ».