Monika Brandmeier : A Tropical Mood, Only A Lot Cooler

Une ambiance tropicale, juste un peu plus fraîche : Au début des années 1980, une pluralité de perspectives s’est imposée au postmodernisme et, d’une part, n’a plus trouvé de consensus en matière de goût, ainsi que l’a fait remarquer Jean-François Lyotard, tandis que, d’autre part, elle offrait une diversité croissante de styles et projets de vie. Ces signes avant-coureurs marquent le début du travail artistique de Monika Brandmeier, que ses tonalités étrange- ment mystérieuses et sensibles distinguent de ses jeunes contem- porains moins sages. Elle travaille avec la langue, dont elle fait sa source d’inspiration et son moyen d’expression, pour atteindre un langage formel essentiellement géométrique qu’elle tente aussi en permanence de charger sémantiquement au-delà de la seule matérialité. « Elle », écrit Christian Ganzenberg dans sa contribution, « qui mise sur la distance intellectu- elle et physique des spectateurs à l’oeuvre d’art, et non sur l’immersion physique et émotionnelle, découvre à la rencontre de l’abstraction et de la concrétion son point de départ personnel à partir duquel elle suit les tendances réductionnistes et surréalistes autant qu’une confron- tation sensorielle-intellectuelle de l’espace et de la langue. Ses oeuvres se déploient au-delà de la rigueur et de la litote calculée d’une pratique artistique rationnelle, elles sont sans cesse de nouveau traversées par un humour énigmatique, tel qu’on le trouve aussi dans les textes automatiques de Francis Picabia, les expériences linguistico-typo- graphiques d’une Gertrude Stein ou les poèmes de Rolf-Dieter Brinkmann.