Etudes mongoles et sibériennes n°15, 1984, Le Renard: tours, détours et retours
EAN13
9791092565140
ISBN
979-10-92565-14-0
Éditeur
Centre d'études mongoles et sibériennes
Date de publication
Collection
Etudes mongoles et sibériennes
Nombre de pages
230
Dimensions
16 x 1,6 cm
Poids
418 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Etudes mongoles et sibériennes n°15, 1984

Le Renard: tours, détours et retours

Centre d'études mongoles et sibériennes

Etudes mongoles et sibériennes

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Bouchy, A.-M. Les métamorphoses de la renarde ou du renard, tantôt bénéfiques, tantôt maléfiques, sont un thème courant de la littérature comme de l'humour populaire japonais de toutes époques. Par ailleurs, les phénomènes de possession par le renard et le culte du renard sont des réalités bien vivantes de la religion japonaise actuelle, qui se trouvent également mentionnées dans les textes de l'antiquité. C'est en s'appuyant sur les faits de la religion populaire que l'auteur tente ici de mettre en lumière le rapport entre les multiples faces du renard et l'unité de ses différentes fonctions symboliques dans la tradition japonaise.

Orange, Marc. Il semble être dans les habitudes des Coréens d'associer le renard à quelque chose de mauvais ou tout au moins qu'il faut considérer avec méfiance. L'examen des légendes relatives au renard montre que celui-ci est associé soit à des prodiges soit à des actions maléfiques, en particulier lorsqu'il prend forme humaine (féminine principalement), l'influence chinoise étant ici incontestable. Mais le renard n'est aussi parfois qu'un simple animal qui peut devenir le jouet d'un plus malin que lui; il peut également apparaître capable d'accomplir des actes de générosité. Cependant ses maléfices ont davantage frappé l'imagination que ses qualités.

Mathieu, R. Un certain nombre de caractéristiques physiques et comportementales du renard sont à l'origine d'une croyance assez tôt attestée en Chine, selon laquelle cet animal pourrait se transformer en femme fatale et celle-ci en renard. Le fait qu'il puisse dévorer les cadavres a pu inciter à penser qu'il s'emparait aussi de leur âme. Sa beauté, sa ruse, la sensualité de son comportement amoureux ont été assimilés à ceux d'une femme belle mais asociale. La conjonction de ces deux aspects de son personnage explique sans doute la naissance, aux alentours du IIIe siècle, de la « femme-renarde » dans la littérature fantastique chinoise.

Lévi, Jean. Entre les IVe et Ve siècles de notre ère, l'image du renard, sous les traits de la femme-renarde, vient se confondre avec la morte amoureuse. Plus tard, sous les Tang, au moment où s'affirme dans la littérature lettrée le thème de la courtisane, la renarde lui emprunte un certain nombre de caractéristiques, en sorte que les deux figures deviennent homologues. L'auteur montre que les trois figures, morte, renarde et courtisane, qui appartiennent au même ensemble paradigmatique, ne sont que trois façons d'envisager l'alternative – posée d'emblée comme illusoire – au système traditionnel de l'alliance matrimoniale.

Beffa, M.-L. et Hamayon R. Les auteurs commentent trois textes mongols d'un rituel faisant intervenir le renard, publiés avec leur traduction dans les volumes 4 et 10 de la revue Zentralasiatische Studien. Curieux rituel en vérité, où un rite de purification fondé sur une fumigation s'articule à un mythe de souillure fondant un sacrifice, et où l'animal en jeu ne se prête, par nature et par tradition, ni à un rôle de victime sacrificielle ni à un rôle de substance « fumigatrice »! L'interprétation proposée situe ce rituel dans le cadre de la lutte que le lamaïsme a menée contre le chamanisme à partir du XVIIe siècle pour s'implanter en Mongolie, et non simplement dans une perspective syncrétiste de ces deux modes de pensée.

Delaby, L. Le rôle du renard dans l'économie traditionnelle des Toungouses commence avec l'arrivée des Russes et des marchands de pelleterie, mais restera secondaire, sa fourrure servant surtout à payer l'impôt. Dans les rites et les croyances le renard n'apparaît quasiment pas, sauf chez les peuples du bassin de l'Amour où l'esprit renard aide le chamane à conduire les âmes des morts dans l'au-delà. Il n'apparaît qu'au second plan dans la littérature orale, sauf dans un cycle de contes (peut-être emprunté?) où il joue le rôle du Trompeur. L'auteur présente la traduction d'un conte de ce cycle, relevé par V. V. Vasil'ev dans la région de la Katanga en 1905.

Pinton, S. Les représentations qui s'attachent au renard, dans la Creuse, reprennent l'image classique du personnage malin, faiseur de tours d'une part, et de l'autre investissent des valeurs liées à la vie sauvage et l'exaltent comme bête de chasse. Dans les poursuites aux chiens courants et au cours du déterrage – deux types de chasse aujourd'hui pratiquée dans la Creuse –, le renard prend le visage d'un adversaire loyal, donnant aux chasseurs l'occasion de se mesurer à l sauvagerie véritable.

Vincent, Odile. Trois aspects des relations qu'entretiennent les Ardennais avec le renard sont abordés ici, chacun mettant en cause une définition sociale particulière des individus concernés: la relation entre le renard et les femmes responsables de la basse-cour, entre le renard et les chasseurs (en particulier les braconniers) et, enfin entre le renard enragé et la population en général. À travers les deux premières relations se dessine, derrière le renard, un même personnage autonome, rusé et asocial, à la fois séduisant et irritant. Mais l'apparition de la rage, en transformant le statut du renard, modifie aussi la nature des réactions à son égard; enragé, le renard perd la place qui lui était traditionnellement attribuée et devient un animal à éliminer.
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